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Que nous sert-il de vivre ?

« Pour connaître et juger la vie, il n’est même pas besoin d’avoir beaucoup vécu,
il suffit d’avoir beaucoup souffert. »
Jean-Marie Guyau, Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction

L’humanité s’est longtemps imaginée comme embarquée sur un navire dont le gouvernail ballottait. Au fil de sa longue histoire, elle s’est fixée bien des caps, et a souvent cru voguer vers d’autres vies, guidée par maints soleils – elle croyait aux cieux ou aux utopies, à la vérité ou à la raison. Elle a même cru à l’amour. Mais depuis bien longtemps, la tempête a ravagé l’embarcation : il ne reste désormais plus que quelques radeaux, emportés çà et là par la course des mers ; des débris dispersés et des humains en déshérence. Que savons-nous du monde où nous sommes projetés ? À quels fétus de paille pouvons-nous nous raccrocher, nous qui sommes perdus au beau milieu de l’océan ?

Précarité du monde

Pour juger de l’existence, il faut bien la connaître, et d’abord embrasser ce qu’elle peut rassembler. Je crois opportun de définir ici la nature comme l’ensemble des choses dont on peut faire l’expérience. Ainsi perçue, elle est bien plus riche que les amas d’atomes fantasmés par les matérialistes ou les scientifiques les plus obtus : elle est faite d’objets et d’idées, de passions et de couleurs, d’étoiles et de sang, de logiciels et d’êtres humains, de vie et de pensées, et de bien d’autres choses encore. Elle n’a cependant rien d’un rêve. Son étoffe est tissée de choses qui sont telles qu’elles nous apparaissent – et, puisque nous faisons quotidiennement l’expérience du sang, des couleurs, de la pensée ou de la vie, ces choses existent telles qu’on les perçoit, sans distorsion, et sans nécessiter non plus d’appel à quelque réalité infinitésimale pour en rendre compte.

L’Amérique et la banalité du mal

« Abyssus abyssum invocat. » (Ps. 42.8)

Drapeau américain

Depuis le 11 septembre 2001, notre monde a changé. La chute du mur de Berlin, il y a vingt-cinq ans, portait la promesse de relations nouvelles, multipolaires. La fin de la guerre froide résonnait comme la fin de toutes les guerres, au moins à l’échelle de la planète. La mondialisation prenait alors son envol. Mais les rêves se sont effondrés dans le verre, la poussière et le sang, à l’orée du XXIe siècle, en plein cœur de Manhattan.

Depuis, nous vivons dans la peur. Peur que cet autre ne cache une bombe dans son sac, par exemple, parce qu’il lit le Coran. Peurs fantasmatiques dans des pays largement épargnés sur leurs sols, ou qui ont su les protéger. Peurs qui inspirent, pourtant, des lois sécuritaires qui marchandent nos libertés. Durant la décennie 2003-2013, le plan Vigipirate s’échelonnait sur cinq niveaux d’alerte : blanc, jaune, orange, rouge et écarlate. Après 2005, il n’est jamais descendu sous le rouge. L’état d’exception, motivé par le risque, est doucement devenu la norme. Depuis février dernier, et la mise en place d’un nouveau code à deux niveaux, le plan rouge d’hier est désormais la vigilance « normale ». Fini, le temps où les militaires ne hantaient pas nos gares et nos aéroports ; où nos déplacements n’étaient pas enregistrés dans leurs moindres détails par des caméras intelligentes ; où le web n’était pas menacé par un filtrage vain ou une surveillance toujours plus intrusive ; où les procédures pénales n’étaient pas contaminées par des régimes d’exception, conçus d’abord pour lutter contre le terrorisme, mais qui finissent souvent par déborder leur but ; où chaque valise perdue ne donnait pas lieu à un périmètre de sécurité destiné presque toujours à prévenir l’explosion… d’une garde-robe. Désormais, tout cela fait partie de la « posture permanente de sécurité » – tout cela est même entré dans les mœurs. On accepte la vidéosurveillance sous prétexte qu’on n’a rien à cacher, l’omniprésence militaire parce qu’elle nous sécurise. Dans leur chute, les deux tours ont aussi entraîné quelques-unes de nos valeurs. Nous les jugions si belles que tout fut sacrifié pour les défendre – tout, y compris une partie d’elles-mêmes.

Souvent, on ne mesure pas les conséquences de notre légèreté avec les libertés. Au lendemain du 11 septembre, le Patriot act et les interrogatoires musclés pouvaient sembler légitimes. Mais l’Amérique qui se regarde comme dans un miroir doit bien admettre ces jours-ci qu’elle a, à cet instant, transigé avec les valeurs qui la fondent ; qu’elle a perdu son âme, sans fracas. Sans même qu’elle ne s’en rende compte. Le rapport rendu public cette semaine1 est accablant : la CIA, avec l’aval de l’administration Bush, a détenu au moins 119 personnes en dehors de tout cadre juridique et au mépris des conventions internationales relatives aux droits humains. Elle les a torturées dans l’espoir d’obtenir des informations utiles à la lutte contre le terrorisme – et malgré la violence, « à aucun moment » les témoignages recueillis n’ont permis de contrecarrer une quelconque menace. L’un des prisonniers, au moins, a succombé à ces traitements. Un quart d’entre eux, au moins, était détenu « par erreur ». Voilà qui montre une fois encore la fragilité, toujours sous-estimée, de nos valeurs et de nos idéaux. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et le Bill of Rights ne sont pas des garanties définitives contre l’horreur. Cet événement nous rappelle qu’au fond, il n’y a jamais de bonne raison de transiger avec eux.

On se demande souvent comment la Shoah fut possible. Comment des fonctionnaires, des dignitaires, des soldats nazis – et finalement tout un peuple, ont pu laisser faire, sinon commettre un tel crime. Et l’on se dit parfois que ces nazis devaient être des monstres, qui ne méritaient rien d’autre que l’anéantissement. Mais, quand on y songe : peut-on vraiment penser qu’il y avait, en Allemagne, près de soixante-dix millions de monstres ? Avec une assurance orgueilleuse, nous prétendons que nous aurions agi différemment, si nous avions été Allemands dans les années 30 – mais nous savons bien aussi, au fond de nous, que rien n’est moins sûr, et que les tourments de l’histoire entraînent parfois les hommes bien au-delà de leurs propres limites, lorsqu’ils se laissent aller. Cela se vérifie encore à notre époque. Nous abhorrons la torture et l’arbitraire. Pourtant, au lendemain des attentats de 2001, l’Amérique a laissé torturer et traiter hors du droit des prisonniers de guerre, parmi lesquels des innocents. Ironie de l’histoire, c’est la patrie où Arendt trouva refuge qui illustre à l’orée de ce siècle la banalité du mal. Ce qui caractérisait Eichmann, remarque Hannah Arendt dans La Vie de l’esprit, « ce n’était pas de la stupidité, mais un manque de pensée ». C’est cette absence de pensée, dont l’abandon des valeurs n’est finalement qu’un avatar, qui autorise le mal. Las, les voix indignées par les dérives sécuritaires ne sont plus entendues à notre époque. L’opinion publique admet bien des reniements. Après tout, comme on l’entend souvent, ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont pas à s’en faire – n’ont même pas à s’y intéresser. Même pas à y penser, en somme.

Nos nations sont fortes. Elles ne se laisseront pas abattre par le fanatisme ou la haine. Cependant, cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas perdre la guerre, car il y a des défaites bien pires que les déroutes militaires. Dans Par-delà bien et mal, Nietzsche écrit : « Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Et si tu regardes longtemps au fond d’un abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi. » En reniant nos valeurs pour lutter mieux (du moins, le pensons-nous), nous ne vendons pas seulement notre âme, nous exauçons aussi le rêve des fanatiques. Abdiquer la liberté au nom de l’affrontement contre les ennemis de la liberté fait non-sens, finalement. C’est ainsi que gagnent les terroristes.

  1. Le rapport est disponible sur le site du New York Times : http://www.nytimes.com/interactive/2014/12/09/world/cia-torture-report-document.html?_r=0 []

حرية

Il y a des questions auxquelles il faut admettre ne pas savoir répondre, des faits dont l’origine à jamais nous échappe ; il arrive un moment où l’Histoire s’accélère et semble soudain prendre sens un court instant, se déroulant avec une clarté déroutante sous nos yeux mais s’estompant bien vite, avant même qu’on ait eu le temps de bien s’en rendre compte. Ce que nos médias ont d’ors-et-déjà baptisé la « Révolution de Jasmin » en est, aujourd’hui, un puissant exemple. Les Tunisiens étouffaient depuis bon nombre d’années, méprisés par un pouvoir devenu oligarchique autant qu’oppressés par une vie trop chère et un chômage trop grand. Dans ce pays qui avait revêtu tous les costumes de la dictature, affichant en grand et partout le portrait d’un Ben Ali sans cesse réélu par des scores incroyables, et où la presse même ne pouvait être libre, le peuple paraissait impuissant, délaissé à lui-même. L’horizon des Tunisiens se perdait dans le vide désespérant du désert saharien : pour eux, il n’y avait d’avenir que leur présent de plomb.

Et de ce statu quo, personne ne s’inquiétait. Ni les vacanciers qui profitaient du climat sans se soucier des Hommes, barbotant dans le bleu turquoise d’une mer réchauffée par un soleil léger ; ni bon nombre de nos dirigeants, qui entretenaient avec le dictateur de coupables relations. Les premiers pêchaient par une triste ignorance de la souffrance des autres, les seconds fautaient pour leurs intérêts, oubliant leurs valeurs. On revoit poindre, ici les déclarations d’un député (M. Raoult) en 2009 qui se réjouissait de la victoire absolue (avec près de 80 % des voix) de Ben Ali aux élections, alors même que le journaliste qui l’interrogeait insistait sur les problèmes de liberté de la presse, là une vidéo de notre président en visite chez le dictateur et qui déclarait qu’on était trop sévère avec lui, il y a de cela seulement trois ans. Certes, on en trouvait aussi qui s’indignaient de la situation ; Delanoë, Dufflot, et d’autres, mais rares furent les médias qui leur accordèrent la place pour le faire correctement. Il y a un peu d’hypocrisie à danser aujourd’hui avec le peuple de Tunisie autour du cadavre fumant de leur chimère d’État alors qu’avant, on en parlait à peine.

Mais, il est vrai, il n’y a rien de plus beau ni de plus réjouissant qu’un peuple qui conquiert sa liberté, a fortiori au moment où on ne s’y attend pas, où l’espoir ne semble pas permis ; où la révolte apparait déraisonnable. Cette révolution, comme toutes les révolutions, fait exploser une passion sublime. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi cela a-t-il marché cette fois mieux que d’autres ? Ces questions sont insolubles car le soulèvement nait dans la communion soudaine et imprévue d’une passion qui germe dans des milliers de cœurs en même temps. On serait bien ridicules à prétendre enfermer dans des concepts et des mots cet élan des cœurs, proprement imprévisible, et qu’on ne peut tenter que de décrire. Il y a eu des soubresauts, des premiers symptômes ; les grèves de Gafsa en 2008. Mais c’est un événement apparemment bien dérisoire qui a pourtant cristallisé la révolte et rempli les hommes de courage. Et parce que cet événement est beau, tragiquement beau, on ne peut l’omettre : il s’est produit à Sidi Bouzid, le 17 décembre de l’année passée.

Mohamed Bouazizi, comme beaucoup de ses compatriotes, tentait de gagner sa vie comme il le pouvait. Survivant plus que vivant, il vendait des fruits et des légumes et tirait de cette activité ses seuls revenus. Cependant, dans un État qui a glissé vers l’autoritarisme, ses ventes sans autorisation conduisirent bien vite les employés municipaux à lui confisquer ses fruits et ses légumes, une fois, puis une autre. Harassé d’être sans cesse dépossédé de ses stocks, il finit par aller protester, d’abord au niveau de la ville, puis du gouvernorat, mais aucun ne voulut l’écouter. Dans ce pays gangréné par la corruption, Mohamed heurtait le mur froid du déni du peuple et prenait brusquement conscience du drame de sa condition. Épuisé par le désespoir, ce jeune homme abandonne le combat pour la vie : il s’asperge d’essence et, aux yeux de ceux qui ne lui prêtèrent pas l’oreille, c’est-à-dire sous les fenêtres du gouvernorat, s’immole par le feu. Le 4 janvier de cette année, il trouve finalement la mort, dix jours avant le départ de son diable. À sa mère, il ne laissera que ces quelques mots sur Facebook, préludant du rôle que vont jouer les réseaux sociaux dans l’organisation de la révolte : « […] Maman, pardonne-moi, les reproches sont inutiles, je suis perdu sur un chemin que je ne contrôle pas, pardonne-moi, si je t’ai désobéi, adresse tes reproches à notre époque […] ».

Cet événement fut l’étincelle qui a embrasé la poudrière de frustrations trop longtemps contenues. Quelques personnes, d’abord, se réunirent pour protester, avant que d’autres ne les rejoignent. Puis le mouvement a fait tâche d’huile et s’est étendu, en quelques jours, à d’autres villes, puis au pays tout entier, mobilisant notamment les avocats. Exhorté à la révolte par la tentative de suicide d’un homme, le peuple a libéré toute la colère intériorisée depuis une vingtaine d’années. On ose remettre en cause l’autorité, la contester. La peur est sans doute toujours là, mais elle est dépassée, mise de côté, rejetée. Et si la peur n’existe plus, alors tous les espoirs sont permis. La répression policière a été terrible : on a tiré sur la foule à balles réelles, mais il était trop tard. Déjà, le peuple marchait vers sa liberté et ni le sang versé, ni les morts ne l’ont arrêté. Le pouvoir, finalement, a vite pris peur : esquissant des reculs dans l’espoir d’apaiser les tensions, l’ex-président ne fit que raviver les espoirs de la foule, et Ben Ali dût finalement abandonner les rênes du pays ce vendredi. Depuis, la situation est encore trouble, mais l’organisation d’élections présidentielles transparentes semble acquise désormais et, même si des tensions subsistent, la révolution de Jasmin semble être un succès qu’il faut dédier à ceux qui ont donné leur vie pour cette liberté nouvellement conquise.

On le voit, tout parait si fragile, si improbable ; et pourtant cela s’est produit. Nous vivons d’ordinaire une Histoire que l’avenir juge et éclaire, et il est bien rare de sentir l’Histoire se faire lorsqu’elle se fait. Cet épisode sublime de la course du monde ravive des espoirs et doit insuffler aux cœurs de ceux qui n’ont pas encore le bonheur d’être libres la volonté de se battre. Retenons quant à nous cette leçon et tâchons, comme nous n’avons pas su le faire ou si peu avec cette révolution, de nous battre aux côtés de ceux qui sont encore, de par le monde, sous le joug de tyrans.

« La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme », peut-on lire dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 dont le dernier article est encore plus fort, et les Tunisiens ont su s’en rendre dignes : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

(Le titre signifie « Liberté » en arabe.)

Voile intégral sur la Liberté

« La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »

Article IV de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789

Faut-il interdire le voile intégral ? Voilà la question qui agite à outrance, depuis des mois, notre petit monde médiatique. Pourtant, le problème semble bien vite tranché ; que l’on soit député communiste ou chef de file UMP ; que l’ont soit philosophe ou militante féministe, tous disent : il faut sévir ! Tous crient au scandale, et tous réclament l’interdiction pure et simple de ces prisons de tissu. Que faire, dès lors, face à ce consensus sapientium d’un nouveau genre ? Le comprendre, avant de le briser et de le dépasser : car si le voile intégral est une mainmise choquante de certains courants musulmans sur les femmes, c’est au mépris de la liberté que nous l’interdirions. Car n’est-ce pas, au fond, l’un des droits les plus fondamentaux que de pouvoir être imbécile ?

Le voile intégral est révoltant. Il n’est pas, comme on l’entend souvent dans les simplifications éhontées de nos « débats » télévisuels ou journalistiques, un quelconque commandement coranique. On a trop souvent tendance à comparer les religions entre elles : l’Église catholique, contrôlée au Vatican et, donc, au dogme unique n’a rien à voir avec l’Islam qui réunit différents courants ; différentes interprétations du Coran ; différentes Écoles. Certains de ces courants prônent le voile intégral ; le voile est donc le fait de ces courants, et non de la religion musulmane, nous devons garder cela à l’esprit. Pour autant, s’il n’est absolument pas nécessaire aux musulmanes de se voiler intégralement, les quelques-unes qui le font revendiquent l’origine religieuse de leur comportement. Par là, le voile intégral est une métaphore du joug qu’impose toute religion à ses fidèles, un abaissement aussi de la femme qui s’y cache : il est donc choquant parce que religieux, et choquant parce que rabaissant la femme. La croyante est enfermée dans cette véritable prison de tissu qui masque son visage, qui masque son humanité même : il n’est plus possible de croiser son regard, de voir ses lèvres s’agiter lorsqu’elle parle, ni même d’observer ses traits et ses expressions. Ne plus pouvoir se noyer dans les yeux d’une femme, se perdre dans ses iris, ivre d’un bleu pastel ou d’un marron profond est profondément triste… Le voile masque ainsi en la femme toute lueur d’humanité, la changeant en un fantôme froid, lugubre et noir comme les ténèbres de l’obscurantisme ; les femmes voilées ne sont plus tout à fait vivantes. Ces poupées de chiffon sombre s’agitent, certes, mais ne suscitent en nous qu’un sentiment de rejet, de révulsion… Le voile personnifie le joug du Coran et, in extenso, de toute forme de religion ; il symbolise par une geôle tissée la prison psychologique, la prison morale, la prison de la pensée que constitue toute croyance. Et par là même, ces femmes qui s’enferment renient et rejettent leur condition de femme ; l’abandonnent à leur Dieu, à leur religion, à leur mari. C’est triste, assurément ; c’est déprimant de l’espèce humaine, sans doute, mais il ne s’agit là, ni plus ni moins, que d’une expression de leur liberté.

La servitude volontaire qu’est le voile intégral est donc une manifestation de Liberté ; nous ne pouvons pas concevoir qu’une liberté, parce qu’elle ne nous plaît pas, doive être supprimée, seulement parce qu’elle ne nous plaît pas. On peut être révulsés par ces fantômes de femmes, pour autant elles sont libres de se vêtir comme elles le veulent. Je suis révulsé, moi, de croiser des prêtres en soutanes ; des hommes couverts d’une kippa ; je suis désespéré chaque fois que je croise un croyant, mais je ne prône pourtant pas l’interdiction de la kippa, de la soutane, ou de la croyance. Je ne veux pas raser le Vatican pour y établir un élevage de serpents ; je ne veux pas interdire les religions non plus, car chacun est libre de faire ce qu’il veut, ce qui lui plaît, ce qui le comble. Nous pouvons, si nous sommes libres, jouir d’un droit à être imbécile ; interdire tout ce avec quoi nous ne sommes pas d’accord, toutes les libertés qui ne nous enthousiasment pas a un nom : cela s’appelle une dictature, dont l’Histoire du XXème siècle est riche d’exemples. C’est cela que traduit la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » Qu’est-ce qui fonderait, alors, une interdiction ? En quoi le voile intégral troublerait-il l’ordre public ; en quoi serait-il dangereux ? Dans une tribune parue dans Le Monde, intitulée « Interdiction intégrale, danger pour l’intégrité des libertés », le professeur de droit Jean-Louis Halpérin décrit clairement la situation :

« Aucune réponse convaincante n’a été apportée à cette question : le voile intégral n’est pas une arme qui peut tuer ou blesser et, s’il s’agit de se protéger contre toutes les manières de dissimuler une arme (ou une bombe), la liste est longue des manteaux, couvre-chefs, chaussures, sacoches et bagages qu’il faudrait interdire. »

Car, au fond de ce problème, il n’y a rien : le voile intégral n’est pas dangereux. Pourquoi donc, dès lors, l’interdire ? On entend souvent parler de dignité de la femme. Eh quoi ! Si elle consent librement à porter un voile intégral, c’est qu’elle consent librement à sacrifier sa dignité. Du moment que la décision vient d’elle, qu’elle est prise librement, elle est incontestable sur le plan juridique ; on n’interdit pas non plus le port de symboles anti-républicains. La liberté se fonde sur une certaine tolérance : les autres peuvent jouir de leur liberté de manière différente ; ma liberté n’est pas celle de tous, sans pour autant qu’elle soit la seule qui vaille. Ne cédons pas aux sirènes d’un totalitarisme de la liberté. La décision de porter un voile intégral, si elle est librement prise, ne regarde donc pas l’État : l’interdire serait bafouer les droits de l’Homme et, surtout, se foutre de la Liberté. C’est ce que souligne un éditorial du New York Time intitulé « The Taliban Would Applaud », et publié en janvier de cette année : (souligné par nous)

« It is easy to see that a woman’s human rights are violated when a government requires her to wrap her body and face in an all-concealing veil, as the Taliban used to do when it ran Afghanistan. It should be just as easy to see the violation when a French parliamentary panel recommends, as it did this week, barring women who wear such veils - the burqa and the niqab - from using public services, including schools, hospitals and public transportation. (Muslim head scarves have been banned from public school classrooms since 2004.)

People must be free to make these decisions for themselves, not have them imposed by governments or enforced by the police. »1

Cependant, il est un cas où la loi est nécessaire : celui où le voile est imposé à la femme, lorsqu’un mari violent impose par la force ou la menace à sa femme de se couvrir d’une burqa ou d’un niqab. Mais pour ce cas, point n’est besoin d’une nouvelle loi ; les violences contre sa conjointe sont punies de 3 ans de prison et de 45 000 euros d’amende (article 222-13, 6° du code pénal), de même que la menace de violence envers sa conjointe afin qu’elle porte un voile intégral est punie, elle aussi, de 3 années de prison et de 45 000 euros d’amende, peine portée à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende en cas de menace de mort (article 222-18 du code pénal). Il faut protéger les femmes ; il faut qu’elles puissent dire non. Et le cadre légal actuel le leur permet déjà.

Voyons donc, dès lors, ce que dispose la loi inutile et liberticide que s’apprêtent à voter nos députés. Le Figaro rapporte, dans un article intitulé « Burqa : des amendes allant de 150 euros à 15 000 euros », le contenu de cette loi qui devrait être soumise au conseil des ministres le 19 mai prochain. Elle serait composée de deux articles, le premier disposant que « nul ne peut dans l’espace public porter une tenue destinée à dissimuler son visage », et punissant d’une contravention de deuxième classe de 150 euros le non-respect de cette disposition avec comme peine alternative ou complémentaire un stage de citoyenneté ; le deuxième créant le nouveau délit d‘« instigation à dissimuler son visage en raison de son sexe », c’est-à-dire le fait d’imposer à une femme le port d’une tenue masquant complètement son visage, puni d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Cette loi est le ridicule quintessencié. Selon un « proche du dossier » cité par Le Figaro, elle « n’est pas faite pour protéger la société française de l’islamisme mais bien les femmes et leurs droits » ; les femmes voilées que l’on cherche à protéger, on leur inflige donc une contravention, la logique même… Par ailleurs, la peine prévue à l’article 2 est « lourde » ; on cherche à condamner les hommes qui imposent le voile intégral, pour défendre les femmes (que l’on condamne quand même, donc). C’est exactement cela, le bon sens, on applaudit des deux mains, le législateur a enfin vu juste : il condamne le mari qui force sa femme à mettre une burqa ou un niqab par « la violence, la menace, l’abus de pouvoir ou d’autorité » à un an de prison et 15 000 euros d’amende. Sauf que, le fait d’imposer quelque chose à sa femme par la violence ou par la menace, on l’a vu, est déjà puni par la loi, et cela est déjà puni plus lourdement. On est donc là devant une malfaçon juridique choquante : votre bon législateur ne défend pas les femmes, il les enfonce. Notre mari voyou risquait auparavant 3 années de prison et 45 000 euros d’amende (voire 5 ans d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros). Avec cette nouvelle loi, il ne sera plus condamné qu’à 15 000 euros d’amende et une année de prison… Pour ce qui est de l’abus de pouvoir ou d’autorité, il n’est pas applicable comme le souligne Maître Eolas sur son blog (qui a d’ailleurs aussi fait remarquer la régression qu’est cette loi) : « Depuis 1965, l’époux n’a plus ni pouvoir ni autorité sur son épouse. Les époux sont strictement égaux en droit. Donc l’époux n’a ni pouvoir ni autorité dont il pourrait abuser. » Pour sûr, les Talibans applaudiraient cet allègement des peines…

Pourquoi donc interdire le voile intégral ? Pour nos « valeurs » ? Soyons sérieux ! La loi n’a pas à rendre les citoyens vertueux, elle n’est là que pour garantir la liberté de tous. La seule exception que l’on a pu faire, et c’est ce que signal Halpérin dans sa tribune, c’est le port de vêtements rappelant des organisations coupables de crimes contre l’humanité. Il est bien évident que la burqa n’en est pas. On se cherche des raisons, des excuses, des arguments ; les promoteurs d’une loi d’interdiction se font, comme l’écrit Nietzsche dans Par-delà bien et mal, « défenseurs astucieux de leurs préjugés qu’ils baptisent du nom de ”vérités” ». L’absence de fondement juridique est même, comble du comble, assumée ! « De toute façon, explique un des auteurs du projet de loi cité par Le Figaro, le Conseil d’État n’a trouvé aucun motif qui permette, selon lui, l’interdiction totale. Donc nous ne sommes pas étendus sur les fondements » : il n’y a pas de fondement qui tienne, donc, nous n’en donnons pas ! Ils se font avocats de leurs rejet viscéral de ces femmes voilées, avocats de leur inconsciente intolérance de cette couverture intégrale. Mais force est de constater l’absence totale de fondement : il n’en est pas qui tienne. Ni les valeurs, ni la dignité des femmes. Seule explication, en fait : l’intolérance, la stigmatisation de l’autre qui n’a pas les mêmes us que nous.

Car cette loi, et toute l’agitation médiatique qui l’entoure, intervient à la suite d’un débat sur l’identité nationale nauséabond. Qu’on le veuille ou non, on continue de stigmatiser les Français issus de l’immigration, qui sont pour la plupart musulmans ; que pensent-ils de la France qui, coup sur coup, crée en 2007 un ministère de l’immigration, lance fin 2009 un débat sur l’identité nationale qui s’est bien vite focalisé sur l’immigration, avec le déferlement de haine libérée et l’expression décomplexée de la xénophobie la plus primaire qu’on a connu, et poursuit, début 2010, en lançant un débat sur une pratique marginale, le port du voile intégral ? On fait d’un comportement qui, de l’aveu même de la direction centrale du renseignement intérieur, ne concerne que 367 femmes en France (environ 2 000 selon le ministère de l’intérieur), une affaire d’État, traduisant un glissement perfide de la France, passant de terre d’asile à terre de méfiance. Et ce, à la veille d’élections régionales. Tout ce pataquès médiatique confirme bien ce qu’avait déjà dit Emmanuel Todd au Monde, interrogé à propos du débat sur l’identité nationale : « Ce que Sarkozy propose, c’est la haine de l’autre. » Le démographe et historien, théoricien de la fracture sociale, poursuit lucidement :

« Si vous êtes au pouvoir et que vous n’arrivez à rien sur le plan économique, la recherche de boucs émissaires à tout prix devient comme une seconde nature. Comme un réflexe conditionné. Mais quand on est confronté à un pouvoir qui active les tensions entre les catégories de citoyens français, on est quand même forcé de penser à la recherche de boucs émissaires telle qu’elle a été pratiquée avant-guerre. »

On est donc non seulement confronté à une loi inutile qui ne fait qu’empirer la situation, mais aussi à une loi caractéristique de la politique de notre gouvernement, cette « haine de l’autre » dont parle Todd. Je ne peux m’empêcher de me sentir, balloté entre des débats aux relents intolérants sur l’identité nationale et la burqa et des annonces d’expulsions scandaleuses, « en étrange pays, dans mon pays lui-même » (Aragon). Je rêve que l’on puisse persévérer dans la tolérance de la connerie des autres comme eux tolèrent la notre propre ; ne supportent-ils pas, après tout, ces débats nauséeux depuis des mois maintenant ? Et l’on vient s’étonner, ensuite, d’un manque d’intégration… Mais les étrangers ne sont pas les seuls responsables, le sont-ils seulement en partie ? C’est nous qui les stigmatisons, nous qui les « ghettoisons » qui sommes au premier chef coupables de la situation actuelle. Allons par-delà assimilation et association ; voyons quelle richesse culturelle naît de la diversité mélangée ; de la mixité culturelle. Non à une assimilation qui annihile les cultures ; non à un communautarisme divisant la population. Oui à un peuple mosaïque, libre et tolérant.

L’interdiction totale du voile intégral dans l’espace public est donc un scandale pour la Liberté et, comme la propose le projet de loi actuel, une régression des droits des femmes, montrant au passage un exemple des malfaçons juridiques dont sont capables nos législateurs. Cette loi n’est que poudre envoyée aux yeux des électeurs, elle ne fait que raviver la haine entre les Français, prenant les quelques femmes qui se couvrent entièrement comme boucs émissaires. Tandis que l’on parle du voile intégral, on oublie le chômage ; on oublie la crise. On oublie, en fait, les vrais problèmes. N’oublions pas, quant à nous, l’esprit des révolutionnaires Français qui, un certain jour d’août 1789, ont proclamé la Liberté comme un droit fondamental, naturel et imprescriptible de l’Homme. Puissions-nous, de temps en temps, nous souvenir de notre devise ; Liberté Égalité Fraternité, qui ne semble plus guère éclairer la route des gouvernants de notre pays…

Sources et approfondissements :

  1. Traduction personnelle : « Il est aisé de constater à quel point les droits des Femmes sont bafoués lorsqu’un gouvernement, comme les Talibans en Afghanistan avant 2001, leur impose de se voiler intégralement le corps et le visage. De même, il devrait être aisé de voir à quel point certains parlementaires français violent ce droit lorsqu’il proposent, comme ils l’ont fait la semaine passée, d’interdire aux femmes de se voiler intégralement (sous un burqa ou un niqab) pour profiter des services publiques, comme les écoles, les hôpitaux et les transports. (Le voile musulman qui recouvre la tête est lui interdit des écoles publiques depuis 2004).
    Les gens doivent être libres de prendre cette décision eux-même, elle n’a pas a être imposée par un gouvernement ou forcée par la police. » []

Facebook & vie privée

On pourrait reprocher bien des choses à cette entreprise de débilisation planétaire qu’est le réseau « social » Facebook. Tout d’abord, la décadence de l’amitié ; ce sentiment d’amour qui naissait envers l’autre « parce que c’était lui, parce que c’était moi » (Montaigne), devient aujourd’hui un vulgaire accord bipartite : parce que je l’ai ajouté, parce qu’il m’a accepté… Vulgarisation déprimante pour l’humaniste que je suis, où l’on coure après son nombre d‘« amis » comme un trader après ses actions, où l’on valide untel et cet autre spontanément, refusant tout aussi promptement, et avec la netteté froide d’une lame de guillotine, cette personne que l’on n’aime pas, comme si l’amitié n’était qu’un état logique, ami ou pas ami ; comme si l’être humain était sans contraste, manichéen, bien ou mal ; noir ou blanc ; ami ou méprisable. L’amitié à la Facebook est vidée de toute substance, et elle est hypocrite : l’argent ne fait pas le bonheur, pas plus que le nombre de faux amis accumulés dans cette course effrénée digne d’un capitalisme des sentiments. Un seul vrai ami engendre un bonheur incommensurable, tandis que la façade du site internet américain n’est qu’un masque de faux-sentiments, une illusion, le fantasme d’une autre vie. On pourrait aussi critiquer la véritable débilisation des utilisateurs, qui s’échangent kyrielle d’ineptes « cadeaux » numériques ; cœurs, points spéciaux, et j’en passe ; qui se complaisent dans des jeux enfantins de gestion de ferme, du genre tamagochi géant, ou d’arcade leur permettant de se confronter les uns les autres ; qui rejoignent des groupes ridicules. Tout cela ne sert à rien, le temps dilapidé sur Facebook est pure perte. Et l’on ne manque pas de s’y ridiculiser par là même.

Mais l’objet de cet article est tout autre : récemment, Matt McKeon a réalisé des diagrammes représentant la politique par défaut de Facebook vis-à-vis de la vie privée de ses utilisateurs, et le résultat est saisissant : Voir l’ensemble des graphiques.

De 2005 à 2010, dans le même temps que le nombre de ses utilisateurs explosait, le réseau a clairement évolué vers une politique vis-à-vis de la vie privée très laxiste, démontrant par là même sa volonté d’en finir avec cette vie privée. Bien sûr, il s’agit là des règles par défaut, et l’on peut sans doute les modifier, mais qu’importe : le fait est là, et choquant.

D’une part, parce que bon nombre des utilisateurs de Facebook sont des néophytes, emportés par la vague de ce réseau « social » sans bien en comprendre tous les tenants et les aboutissants, et il y a fort à parier qu’il ne savent pas tous que leurs informations personnelles sont ainsi éventées, ni qu’il peuvent endiguer un peu cette fuite de leurs données en changeant les réglages. C’est donc insidieux que d’imposer par défaut la publicité des données à des utilisateurs qui ne maîtrisent pas encore ces outils d’un nouveau genre, et qui, sans en avoir conscience, peuvent rendre publiques des informations qui relevaient de la sphère privée. C’est cela que la Cnil dénonce, c’était (déjà…) en janvier 2008 :

« En effet, comme l’utilisateur ne maîtrise pas assez ces nouveaux outils, il apprend trop souvent à s’en servir à ses dépens. Par exemple, même quand l’outil est paramétrable, la configuration par défaut favorise souvent une diffusion très large des données,  si bien que des informations devant rester dans la sphère privée se retrouvent souvent exposées à tous sur Internet.

L’utilisateur n’est donc pas toujours conscient qu’en dévoilant des données sur sa vie privée, ses habitudes de vie, ses loisirs, voire ses opinions politiques ou religieuses, il permet aux sites de se constituer de formidables gisements de données susceptibles ainsi de provoquer de multiples sollicitations commerciales. » (souligné par nous)

Car l’enjeu est bien là : les mêmes qui critiquaient l’instauration des fichiers de police (Edvige, pour n’en citer qu’un), parce qu’ils menaçaient leur intimité, nourrissent parallèlement et inconsciemment un fichier plus vaste encore et sous le contrôle d’une entreprise privée : Facebook. On pouvait notamment lire l’an dernier des commentaires de détectives privés, cités par Libération : « Les gens racontent toute leur vie en détail. Et le plus fou : les informations sont exactes, la plupart ne mentent même pas. […] Il n’empêche, Facebook est très efficace, bien plus utile que les fichiers policiers comme Edvige. La Cnil ne nous met pas des bâtons dans les roues. » Véritable filon économique, ce fichier à faire pâlir FBI et RG est sans doute largement exploité ; que peut-on espérer d’autre d’une entreprise qui possède cette banque de données inestimable et peine à équilibrer son budget ?

D’autre part, et c’est encore plus grave, cette évolution significative de la politique de vie privée traduit une véritable volonté d’en finir. Cette volonté n’est pas une interprétation délirante, elle est assumée par Mark Zuckerberg lui-même qui voit dans la vie privée un concept ringard : « les gens sont à l’aise, nous dit-il, non seulement avec le fait de partager plus d’informations différentes, mais ils sont également plus ouverts, et à plus de personnes. La norme sociale a évoluée ces dernières années. » D’où ces évolutions dangereuses vers moins d’intimité, moins de vie privée, et moins de liberté car, comme a pu le dire Soljenitsyne, « notre liberté se bâtit sur ce qu’autrui ignore de nos existences ». Pire preuve : Facebook s’est doté de groupes de pression ; de lobbies pour les anglophiles, envoyés à Washington et Bruxelles afin d’infléchir les décisions relatives à la vie privée et conduire à l’avènement de la « nouvelle norme Facebook » en la matière, à savoir : la disparition de toute parcelle d’intimité… Cela dénote une véritable méconnaissance des enjeux relatifs à la vie privée, qui n’est pas un délire de juriste moyenâgeux mais bel et bien une condition nécessaire à la liberté, au bonheur : la vie privée est la première des libertés, la liberté primordiale sans laquelle aucune autre ne peut être. À moins que ce ne soit là un comportement tout simplement dicté par les intérêts économiques aveuglants de l’entreprise…

Apparemment, de plus en plus d’utilisateurs désillusionnés (à juste titre) quittent (à juste titre encore) Facebook et, comme le titrait Wired récemment : « Facebook’s Gone Rogue; It’s Time for an Open Alternative » Pourquoi pas, soyons fous, appeler de nos vœux un autre réseau social, respectueux de la vie privée ? L’espoir est permis.

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