Peut-on recourir aux mères porteuses ? Le suicide doit-il être permis, voire assisté ? Les animaux ont-ils des droits ? Le médecin témoin de violences conjugales doit-il les dénoncer, au risque de trahir la confiance de sa patiente ? La prostitution est-elle un travail comme un autre ? Quelles limites faut-il imposer aux modifications génétiques, dont le champ des possibles s’est récemment accru ? Est-il mal de mentir, même pour sauver des vies ? Le don d’organes devrait-il être obligatoire ? Est-il légitime d’interdire aux hommes homosexuels de donner leur sang dès lors qu’ils ont des relations sexuelles ?

Ces questions ne sont qu’un faible échantillon des nombreuses interrogations auxquelles nous faisons face lorsqu’on s’intéresse à la morale ou à l’éthique. Comme son étymologie l’indique – elle provient du latin moralis, qui signifie « relatif aux mœurs » –, la morale désigne l’ensemble des règles qu’une société s’est donnée plus ou moins implicitement, et qu’il convient à ses membres de suivre. Le latin mos, qui a donné mœurs, désigne d’ailleurs la loi non écrite, la coutume, par opposition à la loi positive, la lex. La morale est donc avant tout un ensemble de normes. La philosophie morale, dont l’enjeu est d’élucider ces normes, cherche à rationaliser ces règles et à les justifier : elle entend établir une science des fins désirables et des moyens d’atteindre ces fins.